Votre navigateur n'est pas assez récent pour visualiser ce site
Utilisez une version récente de Safari, Firefox ou Chrome
Et pour Internet Explorer, une version supérieure ou égale à IE9
12 avril 2017 – 3 juillet 2017
Marie-Ange Brayer, commissaire
Olivier Zeitoun, adjoint au commissaire
Designer industriel, Ross Lovegrove défend une vision globale du design qui prend son origine dans le processus évolutionnaire de la nature. « Convergence » est cette quête d'un nouveau paradigme de la création où convergent art, design, technologie et nature.« La notion de « convergence » est importante car elle rassemble arts et sciences. C'est une manière globale de concevoir qui doit jouer un rôle essentiel dans cette seconde « Renaissance » du XXIème siècle que nous sommes en train de traverser, qui débouchera sur des principes tangibles de création qui nous concerneront tous, où que nous soyons dans le monde. » (Ross Lovegrove)
Pour Ross Lovegrove, le designer est l'interprète ou le « sculpteur » des technologies. Ses objets aux formes dynamiques et fluides, comme en mouvement virtuel, actent les mutations digitales du monde contemporain, tout en ouvrant sur de nouveaux modes de vie marqués par une conscience « durable » du monde où la forme serait en harmonie avec la nature.
Ross Lovegrove s'inspire des principes de croissance des formes naturelles pour concevoir des structures complexes, aux matériaux innovants, dans une légèreté des formes et des usages. L'utilisation minimale d'énergie, le biomimétisme sont au cœur de ses recherches. L'intelligence d'usage des matériaux et du recours aux procédés industriels de Ross Lovegrove est unique. Du design d'objets quotidiens à celui de voitures, de l'aviation à l'architecture, il développe le concept de « DNA » (Design, Nature, Art), établissant un lien fort entre technologies numériques, science des matériaux et formes organiques. Les formes sculpturales « trouées » d'Henry Moore, les peintures de Francis Bacon, les assemblages d'objets de Tony Cragg sont une source essentielle d'inspiration autant que l'observation de la nature.
Ross Lovegrove est l'un des rares designers à mettre la biologie, l'anthropologie, la physique, l'écologie au cœur de ses productions et à défendre une vision humaniste du design au sein d'une approche holistique de la création. Selon lui, « la notion de convergence renvoie à un moment où la fusion de toutes choses se traduira par un profond changement dans la façon dont nous concevons et fabriquons le monde physique autour de nous ».
« Le design est un domaine en état perpétuel de réinvention. Parce qu'il s'agit de transformer des ressources naturelles en objets utiles, le designer est au cœur des enjeux écologiques actuels qui affectent non seulement notre propre état émotionnel et esthétique mais aussi notre conscience collective comme espèce humaine en évolution rapide et constante, qui doit sans cesse s'adapter. »
Biographie
Né à Cardiff dans le Pays de Galles en 1958, Ross Lovegrove étudie le design industriel à l'École polytechnique de Manchester, puis au Royal College of Art de Londres dont il sort diplômé en 1983.
Il se fait connaître à travers la conception des baladeurs Walkman de la marque Sony chez Frog Design en Allemagne puis en travaillant sur l'ordinateur iMac. Designer intégré chez Knoll International à Paris de 1984 à 1987, il crée l'Alessandri Office System. Durant cette période, il collabore avec Philippe Starck et Jean Nouvel à l'atelier de Nîmes ainsi que pour les maisons Hermès, Louis Vuitton et Dupont.
En 1986, il retourne à Londres où il ouvre en 1990 le Studio X à Notting Hill où il poursuivra des projets pour, entre autres, Airbus Industries, Kartell, Idée, Cappellini, Moroso, Artemide, Driade, Luceplan, Apple, Issey Miyake, Vitra, Motorola, LVMH, Yamagiwa Corporation, Tag Heuer, Herman Miller, Airbus Industries, Japan Airlines, Kiko, KEF, Barrisol, Lasvit, Swarovski, Zanotta, etc.
En 1990, l'appareil photo Eye Camera déploie déjà une forme biomorphique qui s'adapte au corps. La fluidité de ses objets ouvre à une expérience sensorielle inédite. La forme est pour Ross Lovegrove le récit d'un processus organique. Après la Go Chair (1998), la chaise Supernatural (2005) fait connaître sa démarche qu'il qualifie d' « essentialisme organique », réduisant l'objet à son langage formel minimal. Il s'affirme dès lors comme un « designer organique » dans la lignée d'un Eero Saarinen ou d'un Charles Eames.
Ross Lovegrove met en œuvre pour chacun de ses objets un processus de fabrication inédit qui puise dans les technologies numériques dont il est pionnier dans le domaine du design. En 1999, la Ty Nant Bottle, dont la forme est inspirée par les mouvements ondoyants de l'eau, est l'un des premiers produits industriels à avoir été conçu numériquement.
Ross Lovegrove conçoit le design au sein d'une approche environnementale. Dès 2006, il préconise le recours à l'énergie solaire pour les voitures (Swarovski Crystal Aerospace Car). La Ginkgo Table (2007), en fibre de carbone, reprend le principe dynamique d'une feuille de gingko biloba. La chaise Diatom (2014, Moroso), empilable en aluminium, fait appel aux technologies de l'automobile, tout en s'inspirant des diatomées, ces organismes unicellulaires primordiaux. Ses luminaires pour Artemide déjouent la physicalité des objets pour se donner comme des environnements lumineux.
Ross Lovegrove est l'un des premiers designers à recourir aux logiciels de simulation et aux outils numériques issus de l'architecture, proche de la démarche de Zaha Hadid qu'il qualifie d' « architecte organique ». Le LiquidKristal Pavilion (2012, avec Alisa Andrasek) est une architecture paramétrique de verre, un dispositif optique qui se transforme en environnement immersif.
Depuis 2012, il travaille pour Renault sur le nouveau concept-car de la Twingo, la Twin'Z, projet de voiture électrique issue des technologies les plus avancées de modélisation numérique.
Ross Lovegrove fut récipiendaire de nombreuses distinctions. Largement exposées à travers le monde, ses œuvres sont présentes notamment dans les collections du MoMA à New York, du Design Museum à Londres, du Vitra Design Museum ou encore du Centre Pompidou.